Auteur·rice

Sébastien Pitre

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Bibliothécaire et responsable du Laboratoire ludique à l’UQAM, il mène des projets explorant la création de mondes, les récits collaboratifs, la valorisation patrimoniale et les expériences ludiques. Il travaille activement au Laboratoire ludique à structurer un espace d’expérimentation et de recherche se voulant un lieu d’inspiration sous l’égide des bibliothèques, et plus particulièrement en lien avec le projet Métamorphose. Il met à contribution les ressources de la bibliothéconomie actuelle afin d’offrir une variété d’avenues engageantes, novatrices et inclusives pour aborder les mondes.

Manikéamania : saisir l’occasion de revitaliser un jeu narratif québécois oublié

La constitution de collections documentaires en bibliothèque universitaire demande une attention aux nouvelles occasions de développement qui surgissent. Le présent article présente un retour réflexif sur le processus de recadrage thématique, de prospective et d’expérimentation qui a mené à l’exploration des potentialités du jeu Manikéamania. Ces trois capacités, ici liées à l’idée d’agilité stratégique, permettront d’examiner la manière dont l’intérêt porté à un médium peu commun en bibliothèque universitaire, le jeu de rôles, et à des artéfacts qui documentent des pratiques culturelles historiquement déconsidérées, notamment en lien avec le médiévalisme populaire, mène à réfléchir sur de nouvelles potentialités dans le développement des collections.

Martin Hébert et Sébastien Pitre
Cahiers LL

Le médiévalisme dans l’imaginaire ludique au Québec

Cet article interroge l’intersection peu explorée entre le jeu en tant que médium de création et le médiévalisme populaire au Québec, révélant un terrain de « worldbuilding », de création de mondes, à la fois marginalisé et intensément vécu. Par une approche interdisciplinaire combinant ethnographie, histoire, études littéraires et théâtrales, l’étude retrace la trajectoire du médiévalisme, depuis ses incarnations édifiantes et sévères d’avant la Révolution tranquille jusqu’à sa métamorphose postérieure, marquée par une hybridation avec la culture populaire et ludique. Malgré la réprobation des passeurs culturels et intellectuels, l’engouement du public – exprimé à travers des pratiques intercréatives, des jeux de rôle et autres manifestations artisanales – témoigne d’un rapport enthousiaste au médiévalisme romantique, notamment à son expression dans l’œuvre de Tolkien. En soulignant le décalage entre le rejet savant et la passion populaire, l’article propose de repenser la légitimité des pratiques créatives qui existent en marge de la sphère de la « culture » telle qu’entendue par une certaine élite s’érigeant en gardienne de l’identité nationale et d’envisager la revalorisation d’un patrimoine populaire en devenir, branché sur le global.

Martin Hébert et Sébastien Pitre